Né en 1214 à Poissy et Mort en 1270 à Tunis, Louis IX le Prudhomme, roi franc capétien est le fils de Louis VIII le Lion et de Blanche de Castille dont il reçoit une éducation pieuse.
Blanche de Castille est la petite-fille d’Aliénor d'Aquitaine, tour à tour reine de France puis reine d’Angleterre. Elle est aussi la fille d’Alphonse VIII de Castille qui défait les forces musulmanes andalouses et maghrébines à la bataille de Las Navas de Tolosa ou Hisn el Ouqab (معركة العقاب) en 1212. Cette bataille qui se déroule dans le sud de la péninsule ibérique accélère le délitement et le morcellement de l’empire almohade qui laisse progressivement la place aux rois des Taïfas en Espagne, aux Mérinides du Maroc, aux Zianides de l’Ouest algérien et aux Hafsides de Tunisie (ainsi que de l’Est algérien et de l’Ouest libyen).
Louis IX réforme la France. Il accomplit la septième croisade en Egypte (1248-1254) qui sera un échec cuisant. Il prête aussi main forte aux Chrétiens d'Orient, en particulier aux Maronites. Il renforce enfin les défenses du royaume chrétien de Jérusalem.
A son retour en France, il tente de convertir par la force les Juifs de France. Il brûle les exemplaires du Talmud et impose aux israélites le port de la rouelle.
En 1270, il accomplit la huitième croisade en Tunisie. Il espère notamment convertir Abou Abdallah Mouhammad El Mostansir, le calife et second sultan hafside (les Hafsides ont régné de 1228 à 1574) et ramener à la foi chrétienne le pays de Saint Augustin.
En 1270, il accomplit la huitième croisade en Tunisie. Il espère notamment convertir Abou Abdallah Mouhammad El Mostansir, le calife et second sultan hafside (les Hafsides ont régné de 1228 à 1574) et ramener à la foi chrétienne le pays de Saint Augustin.
Dans un texte de propagande, Geoffroy de Beaulieu le confesseur de Louis IX, écrit « qu’avant de prendre la croix pour la dernière fois, le roi avait reçu de nombreux envoyés du roi de Tunis, et de même il lui avait adressé plusieurs messagers. Il lui était, en effet, donné à entendre, par des personnes dignes de foi, que le roi de Tunis montrait de la bonne volonté pour la foi chrétienne et pourrait peut-être facilement devenir chrétien, s'il en trouvait une occasion honorable, et qu'il le ferait, l'honneur sauf, sans la crainte de ses Sarrazins. D'où le roi catholique disait parfois avec un grand désir : « Oh ! Si je pouvais me voir devenir le compère et le parrain d'un tel filleul ! ».
Louis IX qui aurait souffert de scorbut meurt de dysenterie, de typhus ou de bilharziose à Carthage le 24 août 1270. « Il reçoit l'extrême-onction, demande en signe d'humilité à être étendu sur un lit de cendres et prononce des paroles d'imitation christique. »
"Grandes Chroniques de France" - Jean Fouquet |
Mort de Louis IX |
La huitième croisade poursuivie par son frère Charles d’Anjou, roi de Sicile, est néanmoins un succès diplomatique. Charles d’Anjou qui entretenait déjà des pourparlers avec le calife hafside El Mostansir et dont il n’hésitait pas à qualifier les émissaires de « dévolus noster » ne souhaite pas réellement la prise de Tunis. Il négocie à son avantage un accord signé le 30 octobre 1270 et qui fait des Hafsides ses vassaux. Abou Abdallah Mouhammad El Mostansir « verse une indemnité de 210 000 onces d’or et reprend le versement du tribut dû au roi de Sicile depuis le règne de Roger II. Il chasse les partisans gibelins de sa cour et accorde la liberté de commerce aux marchands chrétiens et le droit de prêcher et de prier publiquement dans les églises aux religieux chrétiens. En échange, l’armée croisée évacue Tunis en laissant les armes de siège. »
Le corps de Louis IX sera partagé en trois. « Les entrailles et les chairs seront données à Charles d’Anjou, qui les déposera à l'abbaye de Monreale en Sicile. Les ossements iront reposer dans la nécropole royale de Saint-Denis près de Paris. Philippe refuse d'exposer le corps à tous les dangers en l'envoyant en avance. Il souhaite attendre de pouvoir l'accompagner en convoi, auprès de l'armée. On procède alors au mos teutonicus : le corps est découpé et cuit dans un mélange d'eau et de vin jusqu'à ce que la chair se détache. Le nouveau roi Philippe III (fils de Louis IX) et l’armée arrivent à Paris, le 21 mai 1271. Le cercueil de Louis IX est exposé à Notre-Dame et les funérailles ont lieu à Saint-Denis le lendemain : le 22 mai 1271 ». Louis IX sera canonisé en 1297 par le Pape Boniface VIII.
Il existe cependant en Tunisie, une légende qui raconte une toute autre histoire au sujet la mort de Louis IX. Dans « Excursions in the Mediterranean, Algiers and Tunis » (1833), Sir Grenville Temple écrit : « Les Maures considèrent comme une seule et même personne Saint Louis et leur grand Saint Sidi Bou Saïd. Ils assurent formellement que, sur son lit de mort, le monarque français abjura sa religion et embrassa les doctrines du mahométisme, en changeant en même temps son nom en celui de Bou Saïd (le père du bonheur) (.sic). Au Sud-Est, s’élève la colline de Sidi Bou Saïd, sur le flanc Sud-Ouest de laquelle se trouve le joli village de ce nom qui lui vient de la tombe d’un des plus grands saints maures ; comme je l’ai déjà remarqué, beaucoup de Maures du peuple supposent que ce dernier est la même personne que Saint Louis. »
En tout cas, « Sidi Bou Louis », n’aurait pas perdu au change en ce qui concerne la luminosité magique de la Tunisie. Le peintre Paul Klee qui fut ravi par les couleurs de ce pays écrit : « La couleur me possède... La couleur et moi sommes un. Je suis peintre. »
Sidi Bou Saïd el Bèji, de son nom complet Abou Saïd Khalaf Ibn Yahya Temimi El Bèji, est né en 1160 à Béja (un village près de la Manouba) et mort en 1231. Il voyage en Syrie et effectue le pèlerinage de la Mecque. Il revient en Tunisie en 1210 et se retire dans une mosquée près de Bab Bhar dans la médina de Tunis. Il se consacre aussi à la méditation et fréquente avec ses compagnons le phare de Jbel Menar (l'ancien nom de la colline de Sidi Bou Saïd, littéralement la montagne du phare) près de Carthage. Il y enseigne le soufisme et surveille les côtes d’une éventuelle invasion chrétienne. Les marins le surnomment le « maître des mers » (Raïes lab’har) car ils pensent qu’il les protège. Cet homme qui était un modèle de piété avait beaucoup de respect pour le cheikh tunisien Sidi Abdelaziz Al Mahdaoui (décédé en 1224) dont s’est inspiré Ibn Arabi (1165-1240). C’était aussi un des saints qui ont influencé Sidi Belhassen Echadli (1197-1258), « l’imam des croyants » qui fonda l’ordre soufi de la Chadiliyya.
Le mausolée (zaouia) de Sidi Bou Saïd el Bèji a été incendié en 2013 par des salafistes dont la doctrine s’oppose frontalement au soufisme et à ses multiples saints. Des travaux de réfection ont été immédiatement engagés par les habitants.
Mausolée de Sidi Bou Saïd (crédits : Happy Tunisia) |
Béji Caïd Essebsi, l’actuel Président de la République Tunisienne et descendant d'un captif sarde, est ainsi prénommé en l’honneur de ce saint tunisien. Il est en effet né dans le mausolée de Sidi Bou Saïd El Bèji dont sa famille recherchait la bénédiction.
Béji Caïd Essebsi |
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