Du peso duro au dourou
Le dourou c’est notre pièce de cinq millimes. Le Dr Seif Karoui rapporte à son sujet une histoire fantaisiste quoi que belle. Dans WEPOST Magazine, il écrit : « Le mot dourou a une signification. En effet, du temps de la colonisation, une légion de mouchards Tunisiens, traitres de la patrie collaboraient avec les autorités coloniales. Ils étaient rémunérés pour leur sale besogne. A chaque information en lien avec le mouvement national rapportée, ils percevaient une piécette de 5 francs. Quand le comptable finissait de les payer, il leur ordonnait de se « retourner » et de déguerpir ce qui donnait en arabe dourou « ايا دورو ». Depuis, on a continué à appeler dourou la pièce de 5 millimes. »
Dans le groupe Facebook « Mémoire d’une Chechia », Giuseppe Mancino se rappelle qu'à l’époque où le franc avait cours, les 5 Francs étaient appelés "Dourou" par les Tunisiens.
Notre Dourou national (ou pièce de 5 millimes de dinar) a une étymologie espagnole. Le terme originel est « peso duro ». Dans Wikipedia, on peut lire que « la monnaie de 8 réaux (la pièce de huit) qui a eu cours partout dans le monde durant l'époque coloniale espagnole était appelée par les populations sud-américaines peso (« poids » en français). Le peso deviendra par la suite l'unité monétaire de beaucoup de pays, en remplacement du réal colonial ». Dans la version anglaise de l’article, on lit : «”This coin was originally known in English as a piece of eight, then as a Spanish dollar, and then as a Mexican dollar. In French, it was a piastre and in Portuguese, a pataca or patacão. The Spanish names at various times and in various places were patacón, duro, or fuerte. […] The old eight-real coin now became known in Spain as a peso duro, or simply a duro, and was rated 10 reales. By 1728, the role of the old peso was assumed in Spain by the new two-real coin, now called a peseta. One peso duro, worth 10 reales, was equal to five of the new peseta coins, each weighing 5.876 g and containing 4.938 g fine silver. The fine silver content of the peseta was reduced to 4.855 g in 1772, then to 4.793 g in 1786 ».
« De toutes les monnaies étrangères, celles d’Espagne ont le plus cours à Alger; cependant on y rencontre habituellement en circulation des espèces d’Egypte, surtout des pièces d’or, telles que les Sequins et les Demi-Sequins du Kaire […] La valeur de la Piastre forte d’Espagne à colonnes, d’un usage courant à Alger, a été fixée à 5 francs 40 centimes, et celle du Quadruple d’Or à 80 francs, par le règlement du Ministre des finances du 9 avril 1830. Cette Piastre est appelée à Alger Douro d’Espagne (دورو سبانيولي Douro Spâgnouly). On la nomme aussi Colonnata, à cause des colonnes qui flanquent chaque côté de l’écusson que porte son revers. Les Arabes, prenant ses colonnes pour des canons, ont donné aussi à cette Piastre le nom de Bou-Medfa’ بو مدفع (pièce aux canons). Les autres monnaies étrangères qui ont cours dans le commerce d’Alger, sont celles de Tunis et de Tripoli, dans les provinces orientales; mais les plus fréquentes, surtout dans les provinces occidentales, sont celles du Marok, que des relations habituelles y répandent. » - J.J. Marcel - Tableau général des Monnaies ayant cours en Algérie (1844)
Collins dictionary : « Duro : the silver peso of Spain or Spanish America. »
Nour Kas rapporte qu'en espagnol, l’expression « No tengo ni un duro » signifie « Je n'ai pas un sou ! ». Par ailleurs, dans Linguee, nous trouvons : « Solo los que vivimos en Africa desde hace tiempo entendemos lo que esto quiere decir, cuando una persona es extranjera y no tiene ni un DURO. » Traduit en anglais, cela donne : « Only those of us who have lived in Africa for a long time, understand what this means, when a person is foreign and does not even have a "DURO".» Dans Termbank, « No tengo ni un duro (españa) » est traduite par « Don't have a pot to piss in. »
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